A la sortie de l’école

Il y a ceux qui arrivent très en avance. Des grands-parents, souvent, qui portent dans un petit sachet les chouquettes du gouter ou un pain au chocolat, et s’assoient sur le banc sans jamais regarder leur montre.

Il y a celui qui se poste au coin, debout, là où la cohue ne l’atteindra pas.

Il y a les nounous qui poussent leurs poussettes doubles ou attendent les bambins qui marchent d’un pas encore hésitant, font coucou de la main aux consoeurs sur le trottoir d’en face puis convergent vers le préau.

Il y a celles qui se retrouvent entre copines et papotent de shopping ou de conseil d’école.

Il y a celui qui se colle à la grille, pour voir son enfant le premier, pour que son enfant l’aperçoive tout de suite, qui surveille l’heure et guette sans faillir, en piétinant un peu.

Il y a celle qui n’aime pas être seule et cherche quelqu’un, n’importe qui, pour ne pas attendre dans le silence.

Il y a celle qui se plaint de la météo, du boulot, du temps qui file trop vite, de l’ado qui lui rend la vie impossible, de la course perpetuelle et des triples journées.

Il y a des marmots de 2 ans qui déambulent entre les jambes des adultes, tentent une fuite vite rattrapée, et distribuent des sourires à la ronde.

Il y a celle qui se faufile, dit bonjour dans un souffle, vérifie que la petite dans la poussette est bien installée et rêvasse en attendant 15h50.

Il y a celle qui câline son nouveau-né, bien au chaud contre elle dans le porte-bébé.

Il y a les portails qui s’ouvrent et les enfants qui commencent à arriver par vagues côté primaire, les parents qui s’engouffrent côté maternelle.

Il y a celui qui parle très fort dans son téléphone et grille la priorité à ceux qui font la queue chez les petits.

Il y a celle qui cherche, tous les jours, dans le tas de gants et bonnets oubliés à l’entrée.

Il y a celui qui dit « j’ai retrouvé un travail, alors je ne pourrai plus être là à 16h… comment ça se passe pour la garderie ? », et la maitresse qui le félicite chaleureusement pour son retour à l’emploi.

Il y a ce moment où les  yeux se croisent et se sourient.

Il y a toutes celles et ceux qui enlacent leurs petits, moyens, grands, en les retrouvant.

Il y a celles et ceux qui les attrapent vite vite en disant « je suis mal garé, on file ! ».

Il y a les « tu as passé une bonne journée ? », « ça va mon lapin ? », « je suis contente de te voir, mon coeur », les « qu’il est beau ton dessin, merci ! », « tu as mangé quoi à midi ? ».

Il y a celle qui a toujours une question à poser à la maitresse.

Il y a celle qui n’en peut plus d’entendre tous les jours que son enfant n’a pas été sage, et celle qui, inquiète, demande s’il a bien mangé à la cantine ou réussi à écrire son prénom en attaché.

Il y a celle à qui la maitresse essaie d’expliquer, gentiment, calmement, que la ceinture n’est pas une punition appropriée pour un gamin de 4 ans.

Il y a celle qui entend cette conversation et a de la peine pour tous les gamins qui connaissent trop bien la ceinture de leur papa.

Il y a des paquets de biscuits, des cookies, des tupperware de fruits, des paquets de bonbons, des chouquettes, du pain et du chocolat, des échanges, des trocs, des BN qui tombent par terre, des pleurs de désespoir et des museaux ravis.

Il y a celle qui attend le grand de CM2, silencieuse et souriante, et laisse ses enfants de maternelle courir partout.

Il y a celles qui froncent les sourcils en se faisant bousculer par une partie de cache-cache ou d’épervier.

Il y a un petit tout fier de présenter à ses copains sa tite soeur juste née, et une maman émue mais un peu inquiète de toutes les mini mains qui se tendent vers la frimousse du bébé.

Il y a celui qui cherche sa fille dans la foule des petites personnes à capuche et bonnets qui s’éparpille gaiment et commence à stresser de ne pas la voir.

Il y a une masse bruyante et joyeuse qui se déverse dans la rue.

Il y a des parents qui portent des cartables, beaucoup.

Il y a celle qui arrive toujours en retard et tente de remonter le courant avant que le portail de la maternelle ne ferme.

Il y a la directrice, qui immanquablement, va lui demander d’arriver plus tôt.

Il y a parfois un enfant esseulé, inquiet, qui guette le parent retardataire, la main dans celle de sa maitresse, et s’éclaire d’un coup quand la grande silhouette passe le coin du chemin.

Tous les jours pareil, tous les jours différent, depuis les sandales de la rentrée jusqu’aux après-skis de ces derniers jours. C’est l’heure de la sortie des classes où je constate, au fil des saisons, la même joie sur les visages des enfants et sur ceux de leurs parents. Peut-être que certains font un peu la tête, ou grognonnent, ou sont stressés, mais le moment des retrouvailles, invariablement, est un moment de bonheur. Quelques secondes ou minutes où l’on se rencontre, se recolle, se réunit. Et c’est beau.

Et vous, vous êtes quel parent à la sortie des classes ?

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17 Replies to “A la sortie de l’école”

  1. hello Amélie, quelle jolie prose :
    Sinon je suis un peu toutes ces mamans à la fois lorsque j’ai la possibilité d’aller chercher mes enfants…Mais aussi « usant » soient ils, ces retrouvailles ont toujours, toujours un effet « magique » inégalé ..

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  2. Oh c’est un très joli récit.
    Je suis cette maman qui profite de son congé maternité pour aller chercher ses loupiots tous, les soirs avec la même impatience. Avec la petite dernière en porte bébé ou en poussette et qui attire autour d’elle tous les copains copines qui veulent voir le bébé «trop mignon». Et je suis cette maman qui prie pour que ces dizaines de petites mains qui caressent ma fille ne soient pas pleines de vilains microbes … 😉

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  3. Je crois que je suis une maman qui a un peu toujours l’air de débarquer. Parce que même si tout se passe bien depuis septembre, je crois que je vais encore récupérer mon fils tous les jours avec une petite appréhension qu’on me dise que ce n’est pas sa place. Alors que pas du tout, jamais on ne m’a dit ça, c’est tout le contraire. Alors j’arrive le cœur un peu serré et dès que je le vois, généralement au portail à m’attendre, je fonds d’amour !

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  4. J’ai été la soeur qui va chercher ses autres soeurs à l’occasion (et donc qui reste dans le coin où la cohue ne l’atteindra pas, tout en guettant impatiemment, pour la primaire et celle qui rentre hésitante et qui est contente de voir les visages connus de sa soeur et de la maitresse pour la maternelle ) 😉

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  5. Oh que c’est beau ! J’en suis toute retournée….
    Moi, je suis celle qui câline la petite soeur dans le porte-bébé et voit avec inquiétude les petites mains des copains s’approcher de son bébé, mais qui lit tellement de fierté dans le visage de sa grande !
    Merci ❤

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