Ma contribution au débat Anne Ratier

Alors j’ai vu la vidéo. Celle de la mère qui dit avoir « offert la mort » à son enfant de trois ans polyhandicapé. J’ai vu la vidéo et j’ai été atterrée, blessée, choquée, heurtée… elle m’a mise en colère, cette vidéo. Les commentaires sous la vidéo m’ont encore plus attristée. Et je me suis dit que si une partie de la population estime qu’Anne Ratier a fait preuve d’un courage exemplaire en tuant son fils, il fallait que je dise quelque chose. Moi la maman d’une petite fille polyhandicapée.

Parce qu’elle explique quoi, cette dame, dans la vidéo ?

Qu’elle a pilé des comprimés de neuroleptiques et les a fait avaler à son fils de trois ans, pour le tuer, parce qu’il était polyhandicapé et que la vie ne lui réservait rien de bon. Que « ce n’était pas une vie ». Mais c’était quoi, la vie de son fils ?

Il était lourdement handicapé. Ma fille aussi.

Il ne parlait pas. Ma fille non plus.

Il ne marchait pas. Ma fille non plus.

Il ne pouvait pas manger. Ma fille non plus.

Elle faisait tout avec lui. Moi aussi.

Elle avait peur qu’il meure. Moi aussi.

Je connais le quotidien d’une maman d’enfant différent. Je sais la douleur et l’angoisse. J’ai vu ma fille se mordre la langue, à l’époque où elle arrivait encore à prendre le biberon, au point de saigner. Je sais que si elle vomit, elle n’aura pas le réflexe de tourner la tête pour ne pas s’étouffer. Je sais que si elle se retrouve avec un oreiller sur la tête, elle n’aura pas l’idée de le retirer. Je guette, moi aussi. Je ne suis jamais loin. Nous sommes quatre dans cette famille à veiller sur elle en permanence.

Et oui, ça peut sembler dur, comme vie. Pour elle, pour nous. Quand j’explique la maladie de ma fille, j’entends parfois « c’est horrible », « quel courage », « je ne sais pas comment vous faites ». Parce que les gens imaginent des choses, ils se projettent, ils se voient comme ça et ils ont peur. Pourtant ce n’est pas horrible. C’est juste différent.

Mais vous savez ce qui m’a vraiment terrassée dans cette vidéo ? C’est quand la mère dit qu’il n’y avait pas de communication avec son fils. Qu’elle l’avait cru un temps, parce que quand elle le lançait en l’air il riait. Mais que le médecin lui avait prouvé le contraire : lui aussi faisait rire le petit garçon en le lançant en l’air. Elle en a déduit qu’il ne la reconnaissait pas. Comme si ça pouvait suffire à expliquer son geste.

Mais son enfant riait. Son enfant riait, bordel ! On le lançait en l’air et il riait, parce que ça lui était agréable.

Qu’est-ce qu’on en a à foutre de qui le faisait rire ? Qu’est-ce que ça peut bien faire ? Il riait !

Les commentaires, sous la vidéo, soulignent le courage d’une mère qui a mis fin à la vie d’un enfant en état végétatif. Mais un enfant qui rit n’est pas un légume. Un enfant qui rit, c’est un enfant qui exprime son plaisir.

Alors je ne vais pas juger cette dame. Je n’étais pas dans ses baskets. Je n’ai pas lu son livre. Je me base uniquement sur la vidéo de Konbini, comme tous ceux qui ont réagi sur les réseaux sociaux. Peut-être qu’elle était à bout. Elle était sûrement mal accompagnée et, au vu de la réaction de ce putain de médecin, mal conseillée. Et peut-être bien qu’elle est persuadée, comme elle le clame, que c’était la bonne chose à faire. Mais entendons-nous bien : c’est elle qui dit qu’elle devait « déclarer forfait ». Pas lui. C’est elle qui n’en pouvait plus, pas lui. Je ne vais pas juger mais je dois dire ça : n’évaluez pas la vie d’un enfant handicapé à l’aune de votre propre vie. N’imaginez pas qu’une vie différente de la votre a moins de valeur.

J’ai lu des commentaires qui disaient « personne ne voudrait avoir cette vie », « si j’étais dans cet état, je préfèrerais qu’on y mette fin ». J’ai lu des commentaires évoquant la dignité, le droit à mourir. Anne Ratier parle de ça aussi, d’ailleurs. Si elle avait un accident, si elle se retrouvait dans l’état de son fils, elle dit qu’elle aimerait qu’on ait de la compassion pour elle et qu’on abrège sa vie. Elle dit vouloir réouvrir le débat sur l’euthanasie. Mais ça n’a rien à voir. Cet enfant était un enfant. Un enfant qui riait. Pas un légume, pas une personne en mort cérébrale. Ni un adulte en fin de vie qui a expressément demandé à mourir. 

Personne ne voudrait cette vie ? Je ne peux pas parler pour Frédéric Ratier, mais en ce qui concerne ma fille, ma douce et jolie petite fille de quatre ans polyhandicapée, c’est une vie imparfaite (comme toutes) mais une belle vie. Elle est heureuse, ma fille. Pas à tous les instants, bien sûr. Elle a dû subir plusieurs opérations, elle a perdu la vue, elle a des soins quotidiens, des rendez-vous médicaux à n’en plus finir. Mais c’est sa vie. Et sa vie est aussi pleine de douceur, de câlins, de baisers, de chansons et de rires. Sa vie est pleine d’amour. Tout le monde ne peut pas en dire autant.

Et puis il y a le journaliste qui interviewe. Celui qui ne tique pas quand elle parle du rire de son enfant. Celui qui n’objecte à un aucun moment. Qui ne relève aucune des incohérences et approximations. Je dois quand même rappeler, puisqu’il ne l’a pas fait, que quand on ne peut pas manger par la bouche, il existe d’autres solutions (notre fille, par exemple, a été nourrie par sonde puis par gastrostomie). Que placer son enfant en centre n’est pas obligatoire. Que la solution si les institutions sont indignes, ce n’est pas de tuer son enfant mais de se battre pour améliorer les conditions de prise en charge. Que l’épilepsie se traite (et pas seulement depuis hier).

Et puis ce moment ou l’intervieweur glisse que dans certains milieux, croyants notamment, son geste peut ne pas passer. Comme s’il était besoin d’être croyant pour s’indigner de ce meurtre. Comme s’il y avait d’un côté les conservateurs, les réacs, et de l’autre les gens bien, les modernes, les compatissants, ceux qui comprendront son geste. Là encore, c’est un faux débat.

Je n’ai aucune leçon à donner, aucun dogme à imposer. Seulement notre exemple à partager. On peut être un enfant polyhandicapé qui ne marchera pas, ne parlera jamais, qui n’ira jamais à l’école et passera sa vie en fauteuil roulant, et avoir une belle vie quand même.

J’ai vu des commentaires du genre « je ne suis pas dans sa situation mais je crois que je ferais comme elle ». Parce que le handicap est méconnu, parce qu’il fait peur. Parce que, une fois encore, la personne valide imagine tout un tas de chose, se projette et s’imagine diminué. Imagine son enfant différent. Personne ne souhaite donner le jour à un enfant handicapé. Je le comprends. Quand nous avons appris pour notre fille, j’ai cru que mon monde s’écroulait. Mais voilà : aujourd’hui, nous sommes heureux. Tous. Elle et nous. Et ma fille a beau être polyhandicapée, sa vie compte.

Alors nous ne savons pas si elle sera longue, sa vie, mais on fera tout, toujours, pour qu’elle soit belle. Où qu’elle aille, quoiqu’elle fasse, on sera avec elle. On se battra pour elle. Et on continuera à partager nos petits bonheurs, ne serait-ce que pour rappeler ceci : une vie différente a autant de valeur qu’une vie « normale ». 

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39 Replies to “Ma contribution au débat Anne Ratier”

  1. Bonjour Amélie,
    Comme vous, je suis atterrée par ces comportements… Nous avons nous aussi, eu un petit ange très lourdement touché qui nous a quitté à l’aube des ses 3 ans… Elle aurait 33 aujourd’hui et pas un jour ne se passe sans que je me dise que nous avons fait le maximum pour notre fille, qu’elle était heureuse malgré son très lourd handicap et que je donnerai ma vie pour ne serait-ce que pour 5 mn encore avec elle… Nous savions qu’un jour où l’autre, il faudrait se dire au-revoir… Mais, elle a été un immense bonheur pour nous… Un enfant, c’est l’essence même de notre vie…
    Pleins de belles pensées pour vous et votre jolie famille… Et de gros baisers à la Mini…

    Isa

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    1. Merci Isa, je crois qu’il faut qu’on le dise, encore et encore. Nos enfants extraordinaires sont magnifiques, fabuleux, ils sont une source de beauté et de joie, ils nous enrichissent chaque jour et leurs vies sont, ou ont été, importantes. Plein de bises 💛

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    2. Bonjour. J’aimerais savoir comment vous pouvez évaluer le bonheur de votre enfant. Est-ce qu’il parle ? Est-ce qu’un rire n’est pas une bulle d’air au fond d’un océan dans lequel l’enfant est lestée via des pierres.

      Moi aussi je préférerais la mort. Mais je suis bien portant. Quand on n’a jamais connu le bonheur, on ne peut pas tomber.

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      1. Bonjour Sylvain, et je suis bien triste de lire votre message… je crois que je comprends ce que vous voulez dire. Comme si on était parfois tellement habitué au pire que même le « un peu moins pire » semblerait bien. C’est un peu ça ? Je ne sais pas, je crois que je fais juste comme depuis sa naissance. Comme pour mes autres enfants quand ils ne parlaient pas encore. J’ai confiance en ce qu’elle exprime. Les pleurs, les sourires, les rires et les grimaces. Je sais quand elle est sereine et quand elle ne l’est pas. J’ignore si son échelle de bien-être est différente de la mienne, peut-être qu’on a tous une échelle différente, en fait. Mais je sais qu’elle ne ment pas, elle ne fait pas semblant, elle exprime en toute sincérité ce qu’elle ressent. J’ai confiance en ça.

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      2. Amélie merci pour ta réponse. C’est peut-être parce que vivre le moins pire c’est l’histoire de ma vie. Tout comme sombter quand on a perdu le peu qu’on a obtenu.

        Je ne suis pas parent donc je ne peux pas capter les sihnaux comme vous.

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  2. Ouhahhhh quel magnifique plaidoyer pour la vie. Je n’ai pas encore vu la vidéo (je ne suis même pas sûre d’avoir envie de la visionner) mais bravo pour ton témoignage de Maman, de famille heureuse. J’ai immédiatement pensé aux écrits d’Anne-Dauphine Jullian si remplis de joie et d’optimisme malgré l’effroyable maladie de ses filles.

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  3. Je suis incapable de poser des mots sur cette affaire, ça m’énerve parce que j’aurais mille choses à dire, mais je n’ai pas vu la vidéo et il y a bien trop d’affects divers et variés autour pour que j’arrive à la regarder et à écrire quelque chose de sensé… Tu résumes assez bien mon point de vue sur la question (qui dépasse Anne Ratier et concerne toute notre société selon moi). Donc merci et ❤ ❤

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    1. Je comprends tout à fait. ça m’a trop touchée, cette histoire, ça m’a pourri une partie de la nuit, ça m’a réveillée ce matin, ça bouillonnait tellement dans ma tête que j’avais hâte d’écrire ce post pour pouvoir respirer un peu… mais finalement je ne suis pas plus sereine pour autant. C’est hyper perturbant, et les réactions des gens sur Twitter… pfiou. C’est plus sage de ne pas mettre les pieds là-dedans, au final. Plein de bises ❤

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  4. J’ai pleuré en lisant ce billet de blog.
    Merci pour cette réaction que je trouve douce et juste.
    Je ne peux plus voir passer cette vidéo sur les réseaux sociaux. Des ami.e.s handi m’en parle.
    Il en ressort entre autre… «c’est ok d’être handi et heureux»,
    «C’est ok d’être handi et malheureux» «c’est un putain de mère validiste qui a commis un infanticide» «sérieusement? On met en valeur la parole de cette femme?!?» «à ma naissance on a annoncé à mes parents que j’allais être un légume, ils m’ont gardée, je suis en fauteuil, et je suis en doctorat»

    Merci encore pour cette contribution

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  5. Ton article m’a beaucoup interpellé, je l’ai lu hier et j’ai longuement réfléchi à comment y répondre… J’ai vu passer cette vidéo, je l’ai regardé, et clairement dans la forme… elle est terrible. On ne peut pas « résumer » à ce format hyper court, trop direct, trop brutal. Je l’ai vu passer sur Twitter, où les réactions étaient unanimes « c’est une meurtrière, et point ». Je vois que toi tu as vu sur un canal où c’était « elle est courageuse ». Je ne suis d’accord avec aucune de ces affirmations. Sur le fond du message de cette femme, je vois surtout une grande interrogation de la place du handicap dans la société. Car au-delà du handicap en lui-même, de la question d’une vie qui vaut d’être vécue ou non, je vois surtout la question de « quel avenir ? ». Je pense qu’il est humain de ne pas se sentir à la hauteur à l’annonce d’un handicap, et de ne pas l’être au final. Je pense qu’il est aussi humain de se découvrir des forces insoupçonnées face aux épreuves. Il n’y a pas une seule et unique manière de réagir, comme il n’y a pas une seule et unique solution, un seul et unique chemin. Par contre, ce qui est inhumain, c’est d’avoir à batailler autant contre la société pour vivre avec ce handicap. Déjà aujourd’hui, avec les réelles avancées, alors je n’ose imaginer il y a 30 ans… Ton article est très important, car il délivre un message fort lui aussi. C’est aussi la « chance » des parents actuels, le web 2.0 permet de sortir d’un certain isolement et de pouvoir voir des témoignages, discuter. Merci.

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    1. Rien n’est vraiment facile dans ce genre de situation et je comprends ce qui a pu la mener à ce geste. Je conçois la fatigue, la sensation de ne pas être à la hauteur, la peur de l’avenir, la déception de ne pas avoir eu l’enfant qu’elle souhaitait, la vie qu’elle imaginait. Je comprends ce qu’elle dit, je vois son point de vue. Mais pour moi ça n’excuse pas, ça ne justifie pas. Et c’est dangereux parce que dans une société faite par et pour les valides, ça revient à dire que le handicap n’a pas de place. Que le valide peut décider pour le handicapé. Pour qu’elle soit si sûre d’avoir bien agi, c’est qu’elle n’arrive pas à voir autrement. C’est que la société, quelque part, semble lui donner raison. Alors que notre rôle de société est au contraire d’assurer la sécurité et le bien-être de tous. De respecter les droits fondamentaux de tous. Tu as raison sur la difficulté du handicap au quotidien. La société ne fait pas bien son job. Mais laisser passer ça, pour moi, ça revient un peu à baisser les bras.

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      1. Je comprends tout à fait ce que tu veux dire. Mais je trouve que dire aujourd’hui « le handicap n’a pas sa place dans la société », c’est pour moi un constat. D’ailleurs, le valide décide très pour la personne en situation de handicap, surtout quand on parle d’enfants, c’est une réalité. Un triste constat, bien entendu, qui n’efface en rien les avancées et le travail formidables que peuvent mener beaucoup d’associations et d’organismes, qui n’enlève en rien l’empathie de beaucoup de personnes, le courage extraordinaire des parents et surtout surtout le bonheur absolu que sont nos enfants. Mais la société, dans son ensemble, on n’y est pas, et on n’y est tellement tellement pas que je me demande comment on fait, nous, les familles pour s’en sortir. Avec les inégalités terribles derrière… Et c’est probablement en ça que cette vidéo m’a tellement remué. Mais je suis d’accord, ça ne justifie, ça n’excuse rien, ce n’est même pas le sujet d’ailleurs.

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      2. Faut que ailles voir la vidéo sur le sujet de Vivre avec, sur youtube. Elle m’a fait du bien, vraiment. Parce que ça décortique bien et voir la youtubeuse aussi forte et sûre et militante, c’est vraiment réconfortant.

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  6. Merci Amélie, je suis allée voir la vidéo, elle est intéressante même si là encore je trouve que le sujet est vu très rapidement, c’est très compliqué dans des formats si courts avec un point de vue unique. J’ai découvert sa chaîne et je me suis abonnée, ses contenus sont vraiment bien pensés.

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    1. Merci beaucoup pour ce partage, Stéphane. J’ai lu et partagé le post fb, j’espère aussi qu’il arrivera à son destinataire. Votre texte est d’une importance capitale, en plus d’être très beau, j’invite tous ceux qui passent ici à aller le lire. (En revanche je n’arrive pas à accéder au blog…). Merci aussi pour la découverte de Ange La sur votre page. Je crois qu’on a tous eu la même réaction ces jours-ci : on arrive à un point où il FAUT faire entendre nos voix…

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  7. Moi aussi ulcérée. Ce petit garçon n’a pas demandé de mourir. Bien au contraire. Il est mort le jour de son anniversaire pour sans doute rappeler la joie de vivre. Il ne souffrait pas. Il demandait juste d’être aimé pour ce qu’il était. Merci Amélie pour votre témoignage. Vous avez beaucoup de joie et votre petite vous en apporte encore bien plus il me semble. Faites lui des gros bisous de ma part.
    Claire

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    1. C’est ce qui me perturbe le plus, je crois. Cet enfant rit, à aucun moment elle ne parle de souffrance en dehors des crises d’épilepsie…
      Et vous avez raison, notre poulette est une petit fille exceptionnelle à tous les niveaux, elle nous fait rire, elle nous émeut, elle nous apporte de la joie et nous apprend la tolérance… Sa vie est une vraie richesse.

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  8. Merci pour votre témoignage. Merci au nom de toutes les personnes handicapées et de leurs familles. Leur existence est une richesse qui ne doit jamais être remise en cause.
    Sans jugement pour celles qui perdront pied un jour, trop fragiles dans une société qui n’inclut pas assez.
    Mais aucune complaisance pour ceux et celles qui étalent cette faiblesse pour faire de l’audience ou pire, vendre leur histoire et sans doute chercher une ultime justification. C’est indécent, c’est scandaleux.

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    1. tout à fait d’accord, sur tout. Je pense que la parution de ce livre, c’est aussi une façon pour l’auteur de se justifier. Partir en croisade comme ça, essayer de convaincre, c’est chercher quelque part l’approbation. Mais c’est tellement à côté… Parler ici d’euthanasie, c’est hors de propos

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  9. Merci pour ce texte. Je n’ai pas pu aller plus loin que « j’ai offert la mort ». Insoutenable pour moi. Je repense à ces 2 familles de patients qui auraient pu écrire la même chose. Merci !

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    1. La vidéo est extrêmement dure et dérangeante, et toutes ses interventions sont quasi insoutenables. Elles sont nombreuses, les familles qui vivent au quotidien le bonheur de la différence. J’espère qu’on nous donnera l’occasion de nous exprimer

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  10. Bonjour
    Je suis la maman d’une petite fille de 15 mois en bonne santé. J’ai visionné par hasard l’itw konbini d’Anne Ratier il y a quelques jours. Elle m’a profondément retournée. Elle me hante depuis. Lorsque j’étais enceinte, j’avais très peur d’avoir un enfant handicapé, différent, et de ne pas l’aimer, que ma vie soit gâcher. Cela m’obsédait. J’ai honte aujourd’hui de ces angoisses. J’ai cherché à savoir pourquoi je les ai ressenties. Probablement car je ne connais pas le lourd handicap. Très certainement car mes parents, grands-parents, sans être des « validistes » conscients (j’apprends tout juste ce mot, je ne sais pas encore si je l’utilise correctement) ne sont pas les personnes les plus ouvertes sur la différence. J’ai toujours entendu ma mère être dans le « pathos » vis à vis de ces « pauvres gens ». Je me souviens de ma grand mère s’étonner devant un épisode de la maison des maternelles que je visionnais avec elle s’étonner de ce que les parents de l’extra-ordinaire Marcel n’avaient pas abandonné leur fils à la naissance lorsque sa particularité s’est révélée…
    Et je suis devenue maman. D’une petite fille en bonne santé. Mais je n’ai pas oublié mes angoisses, j’ai continuer de chercher à les comprendre. Cela m’a conduit à connaître d’abord l’instagram de l’extra-ordinaire Marcel, puis de fil en aiguille d’autres copains extra ordinaires, de Tombée du nid, le Facebook de Gaspard entre ciel et Terre, les écrits d’Anne-Dauphine Julliand. Quelle richesse que ces vies !
    Pendant que je connaissais cet amour, indicible, que je comprenais ce que c’était d’être maman, je faisais « connaissance » de ces parents et leurs enfants extraordinaires. Et mes angoisses sont parties. Bien sûr je suis maman et j’aurais toujours peur. Je sais la vie fragile et précieuse. Mais être mère m’a appris à vivre dans le présent, dans l’instant. Ma fille, surtout, mais aussi ces parents et enfants rares m’ont apaisé et m’ont fait comprendre que donner de l’amour c’est encore plus fort et plus important que tout. Alors cette vidéo d’Anne Ratier, et encore plus son passage sur France Info où elle explique, en réponse aux déclarations de Sophie Clusel, qu’elle aurait fait le même choix avec un meilleur accompagnement me glacent. Le peu de réaction me saisit. Je suis alors tombée sur votre billet. Votre cri m’a bcp émue et si je ne suis pas maman d’un enfant malade , je suis maman surtout , et je partage chacune de vos phrases. J’espère que votre cri et ceux d’autres parents se feront entendre. Il ne peut pas n’y avoir que la voix de cette femme qui porte. Il doit y avoir un « droit de réponse ». Je vais prendre le temps maintenant de découvrir votre blog que cette « affaire » aura eu le mérite de me faire connaître. Chaleureusement.

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    1. Votre témoignage me touche beaucoup, en partie parce que j’ai connu moi aussi ces peurs. Aux naissances de mes enfants, je me suis réjouie d’avoir accueilli trois enfants en parfaite santé. J’avais peur, comme vous, de la maladie et du handicap. Et puis notre poulette ne s’est pas développée comme ces frères et la peur est revenue. On a craint un retard mental, c’était déjà très dur à envisager. Et puis on est passés au-delà du retard mental : un retard psychomoteur lourd. Et j’ai pensé que notre monde d’écroulait. Je nous voyais malheureux, je voyais ma vie « idéale » s’effondrer. Comme vous, j’ai grandi avec cet idée qu’avoir un enfant malade ou handicapé est la pire chose qui peut arriver. J’avais peur, mon entourage avait peur. Mais mon mari est plein de sagesse, et je vois bien avec le temps qu’il avait totalement raison : ce n’est pas parce qu’elle est malade que nous devons être malheureux. Pas du tout. Nous sommes finalement très très heureux, elle comme nous.
      J’admire votre démarche, le fait que vous vous soyez questionnée sans être confrontée à cette situation vous-même. Et ça me donne espoir, vraiment. Merci infiniment !

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  11. Bonjour, je me suis permise de relayer par 2 fois votre témoignage. (2 fois sur la page C8)
    « Alors une maman qui tue impunément son fils de 3 ans, on en parle, on l’invite dans les médias. Mais une maman qui se bat tous les jours pour son enfant, ça, on en parle pas !!!
    Bel exemple, tiens ! « vous avez le droit de tuer votre enfant si vous n’en pouvez plus. Et en prime, ça fera parler de vous, vous serez partout. Vous battre pour votre enfant ? Mais pourquoi ? »
    https://viesdamelie.com/…/ma-contribution-au-debat…/… »

    « C’est pas ça. Je suis pour l’euthanasie. Uniquement si c’est le choix de la personne euthanasier. D’ailleurs j’ai un papier sur moi qui dit que si je suis réduite à l’état de légume, je veux qu’on arrête les soins et qu’on me fasse mourir. C’est mon choix !
    Et pourtant, je suis en total désaccord avec Anne Ratier. Elle a tué son fils pour elle, quoi qu’elle en dise. Elle a assassiné son fils parce qu’elle n’en pouvait plus de le voir comme ça. Elle ne voyait pas d’avenir pour son fils donc elle l’a tué. C’est tout. Elle n’a même pas attendu de voir les évolutions possibles de la science et de la médecine. Elle ne s’est pas battue pour lui. Elle en a eu marre, elle était a bout de souffle alors elle a dit stop.

    J’ai un cousin, adorable. Il devait ni marcher, ni parler d’après les médecins. Il avait de gros soucis avec ses pouces et d’autres que je ne dirais pas par respect pour ses parents. Au final, ses parents se sont battus pour lui. Le gamin marche et court ! Il parle et chante. Parce qu’il a des parents qui ont cru en lui.

    C’est en cela que cette dame est controversée. Elle ne s’est pas battue.

    Je vous laisse ici le témoignage d’une maman d’une petite fille poly handicapée, comme le fils d’Anne Ratier. »

    Je vous en parle parce que des personnes ont cru que c’était mon blog et du coup, je me sens un peu mal à l’aise d’avoir usurpé votre identité bien malgré moi.

    Je vous souhaite tout ce dont vous avez besoin pour continuer votre combat. Ainsi que tout mon soutien.

    Aimé par 1 personne

    1. Merci de votre message et pas de souci, l’essentiel au final c’est que le texte circule pour, peut-être, contrebalancer les avis opposés… merci en tout cas d’avoir partagé, et de faire entendre nos voix. C’est épuisant mais nécessaire, je crois.

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