Samedi dernier, le 2 avril, c’était l’édition 2016 de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme.
Quelques jours avant, France 2 avait programmé un téléfilm (Presque comme les autres) inspiré du livre de Francis et Gersende Perrin (Louis pas à pas). Après le téléfilm, et avant un documentaire plutôt intéressant (Le cerveau d’Hugo), un débat : Autisme, le combat des familles.
Au cours de ce débat, quelques phrases prononcées par une maman d’enfant autiste m’ont particulièrement peinée et affligée. Cette maman expliquait le combat qu’elle et son mari devaient mener depuis des années pour que leur fils de 7 ans, autiste, soit pris en charge, accepté à l’école, ait accès à des thérapies efficaces pour l’aider à progresser.
Elle a parlé de la façon dont elle avait dû mettre sa vie entre parenthèses, pour que son fils ait une chance d’en avoir une.
Elle a surtout dit la lutte menée contre le corps médical, qui lui avait notamment conseillé à un moment de mettre son fils en institution, d’essayer de l’oublier (puisqu’il ne ferait jamais rien), et de plutôt songer à concevoir un autre bébé tant qu’elle n’était pas trop vieille. Incompétence crasse d’un système qu’on croirait d’un autre siècle…
Elle a aussi rapporté les propos tenus par un psychanalyste au sujet de la maladie de son fils. Ce médecin avait en substance expliqué que l’autisme de l’enfant venait du fait que la mère n’avait pas accepté la grossesse : la présence d’un pénis en elle pendant la gestation avait provoqué un rejet, néfaste pour l’enfant, qui était donc devenu autiste.
WHAT THE FUCK ?
Ce n’est pas la première fois que j’entends ce genre de témoignage. Malheureusement, ils sont légion. Je reste pourtant abasourdie qu’un tel discours puisse persister. En France. En 2016.
L’autisme, pour les psychanalystes, c’est la faute à la mère. Et malgré l’absurdité de cette théorie, que rien ne vient étayer à part les conjectures fumeuses de Freud (faut-il rappeler que Freud était un escroc ?) et la certitude de ceux qui la profèrent, le discours psychanalytique, qui culpabilise les mères, continue de ramper et de faire des dégâts.
Je me mets à la place de cette maman, à l’époque où elle découvre l’autisme de son enfant. On peut imaginer sans peine qu’elle a déjà passé quelques années à errer, de non-diagnostic en non-solutions. Et puis un jour on lui dit « mais il est autiste voyons« . Elle a un diagnostic, mais toujours pas de solutions. Et surtout on lui balance, comme ça, comme une évidence : mais au fait, c’est de votre faute, hein. Vous êtes une mère atroce, vous l’avez rendu autiste.
Ça me rend folle, d’entendre des choses pareilles. Pouvoir sans sourciller balancer à un parent, un parent en souffrance, qu’il a handicapé son enfant parce qu’il était un genre de gros névrosé. Même pas en faisant quelque chose, mais juste en étant la -mauvaise- personne qu’il est. C’est tellement absurde qu’on pourrait en rire, mais c’est tellement cruel que j’ai envie de pleurer.
Je me mets sans peine à la place d’un parent d’enfant « différent » qui attend un diagnostic, puisque c’est mon état actuel. Et je me suis torturée, mille fois, en me demandant ce que j’avais bien pu faire pendant la grossesse pour que cette vilaine maladie sans nom tombe sur ma jolie Mini. Rien, probablement, et pourtant cette culpabilité, tout parent qui a un enfant différent la porte à un moment ou un autre.
Alors quand j’entends des témoignages comme celui de cette maman, quand je constate que la psychanalyse et ses théories absurdes continuent à torturer les mères (oui parce que c’est toujours la faute des mères), à faire autant de mal aux enfants autistes dans notre pays, à leur voler leurs chances de progrès, d’intégration, de bonheur, je me sens obligée de faire quelque chose. A mon petit niveau. Alors j’écris.
Si vous avez un enfant autiste ou si vous avez l’impression que votre enfant pourrait être autiste, n’allez pas voir un psychanalyste. Ne vous adressez pas à un pédopsychiatre de courant psychanalytique.
Si on vous dit que l’autisme de votre enfant est de votre faute, fuyez.
Si on vous dit que votre enfant autiste est fou, fuyez.
Si on vous dit que votre enfant autiste ne fera jamais de progrès, fuyez.
Si on vous dit qu’il faut juste attendre que votre enfant autiste se décide à parler, et qu’il suffit de le mettre en institution et de l’observer jusqu’à ce qu’il ait le déclic, fuyez.
Si le professionnel de santé en face de vous ne cherche pas à créer une alliance avec vous, de façon à ce que vous puissiez travailler ensemble dans le meilleur intérêt de votre enfant… fuyez.
Les enfants autistes peuvent évoluer et progresser, et ils le font même parfois fichtrement bien pour peu qu’ils soient correctement pris en charge. Et une prise en charge correcte, ça passe par un diagnostic précoce et des méthodes comportementales.
Ça ne passe pas par une psychanalyse de la mère, ni par sa culpabilisation, ni par un internement de l’enfant, ni par des séances avec un pédopsy « qui attend que l’enfant fasse quelque chose », ni par le fait de l’enrouler dans des couvertures mouillées pour lui faire revivre son stade foetal.
Voilà. Si jamais vous pensez que je suis dure, ou injuste envers la psychanalyse et les psychanalystes au sujet de l’autisme, je vous invite à regarder le film difficile mais salutaire de Sophie Robert, Le mur – la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme. On peut notamment le voir sur Dailymotion (1,99€ pour 48h). Un extrait est dispo.
Le replay du débat du France 2 est encore dispo 2 jours.
Par ailleurs, la haute autorité de santé (HAS) a émis des recommandations pour la prise en charge de l’autisme et des troubles envahissants du développement (TED). Ces recommandations mettent en avant une prise en charge précoce, globale et coordonnée, et valident, parmi les approches éducatives, comportementales et développementales, la méthode ABA, TEACCH et le modèle de Denver. Les méthodes psychanalytiques ne figurent pas dans ces recommandations, car elles n’ont fait aucune preuve de leur efficacité pour aider les enfants autistes.
Et je finis avec un lien vers HopToys, un site que j’aime beaucoup et sur lequel on a shoppé plein de trucs sympas pour la Mini, qui propose plein de solutions pour aider les enfants autistes au quotidien.

Faites passer le mot, le plus possible. Ne laissons pas de vieilles théories voler leurs chances à des enfants. Ne laissons pas ces fumisteries culpabiliser les parents. Notre pays doit évoluer.

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